Lors d’ une visite du prince des Croyant ‘Omar Ibn al Khattab à Hims, celui-ci demanda à ses habitants lors d’une réunion publique : “Que pensez-vous de Sa’I’d ?”
Certains s’avancèrent et se plaignirent de lui. ‘Omar demanda aux plaignants d’ énumérer un par un leurs griefs.
Le porte parole du groupe se leva et dit : “Nous lui reprochons quatre choses : Il ne sort de chez lui que tard le

image représentant le lever du jourmatin alors que le jour est presque levé, il ne répond à aucune demande une fois que la nuit est tombée, il se réserve deux jours par mois pendant lesquels il ne sort pas de chez lui et ne reçoit personne, puis enfin, il y a une dernière chose, certes indépendante de sa volonté mais qui dérange, c’est qu’il perd connaissance et s’évanouit de temps à autre.”

L’homme s’assit ensuite.
‘Omar baissa le regard et fixa longtemps le sol puis, dans un chuchotement discret, il implora Dieu en disant :
“Seigneur, je le connais comme étant un de Tes plus nobles serviteurs, fais donc qu’il ne me déçoit pas.”
‘Omar convoqua alors Sa’id afin qu’il réponde aux reproches formulés contre lui.
Sa’ id s’expliqua en disant : “Pour ce qui est du fait que je ne sors que tard de chez moi le matin, Dieu sait très bien pourquoi je ne souhaitais pas évoquer la raison. Je n’ai pas de domestique chez moi, alors je dois moi-même pétrir la farine et la laisser fermenter. Je fais ensuite cuire la pâte pour faire du pain. Une fois que j’ai terminé, je fais mes ablutions pour la prière de Duha puis je sors à la rencontre des gens.”
Le visage de ‘Omar s’ illumina et il dit :
” Louange à Dieu, et pour ce qui est de la seconde plainte ? “
Sa’id répondit : “Pour ce qui est du fait que je ne reçois personne la nuit, Par Dieu ! je ne voulais pas évoquer la raison mais tu ne me laisses pas le choix. J’avais décidé de consacrer la journée à recevoir les gens et la nuit à adorer mon Créateur.
Quand au fait que je m’abstiens de voir les gens deux fois dans le mois, c’est parce que je n’ai pas de serviteur pour laver mon unique et seul habit. Lorsque je le lave, j’attends ensuite qu’il sèche. Ce n’est qu’ensuite, en fin de journée, que je sors à la rencontre des gens.
Enfin, pour ce qui est du fait que je m’évanouis de temps à autre, c’est parce que j’ai assisté à l’assassinat de Khubayb Al Ansari à la Mecque. Les Qurayshites, après avoir atrocement mutilé son corps, le lièrent à un poteau pour l’y faire mourir. Alors qu’il respirait encore, ils lui demandèrent : “Ne voudrais-tu pas que Muhammed soit à ta place et que tu sois sain et sauf ? Il leur répondit : “Par Dieu, je ne souhaiterais pas vivre aux côtés de mon épouse et de mes enfants, dans la sérénité et le luxe, et savoir en parallèle que le Messager de Dieu est piqué par une épine.”
A chaque fois que je me remémore cette scène, dont j’ai été témoin alors que j’étais encore du nombre des idolâtres, je regrette de ne pas lui avoir porté secours. Je suis alors pris de tremblements par peur du supplice de Dieu et cela me fait perdre connaissance.”
Ainsi s’acheva l’explication de Sa’id qui était en larmes.
‘Omar ne put alors contenir sa joie et s’ écria :
“Louange à Dieu qui ne m’a pas laissé me tromper à ton sujet.”
‘Omar serra ensuite Sa’ id contre lui et l’embrassa sur le front.