Lorsque Salman deviendra émir d’Al Mada’in, son comportement ne changera pas. Il refusait de prendre un salaire pour sa fonction, ne vivait que par vente d’objets confectionnés et ne portait sur son dos qu’un vieux manteau. Un jour, il croisa un commerçant venant du Shâm qui portait une charge de figues et de dattes.
En voyant Salman, le commerçant cru qu’il s’agissait d’un pauvre de la cité qui pourrait l’aider en échange de quelques chose.
L’homme lui fit signe de venir et dit : ” Porte moi cette charge.”
Salman porta la charge et s’en alla avec l’homme.
Sur le chemin, ils rencontrèrent des gens, Salman les salua, et ils répondirent : ” Que la paix soit sur toi ô émir.” Le commerçant se demanda de quel émir ces gens parlaient ! Puis il fut encore étonné lorsqu’il vit certains d’entre eux s’approcher et dire à Salman : ” Laisse nous porter la charge à ta place ô émir.”
Le commerçant comprit alors qu’il avait face à lui Salman le gouverneur d’Al Mada’in. Très embarrassé par la situation, il tenta de s’excuser et de reprendre sa marchandise, mais Salman refusa en lui faisant signe de la tête puis lui dit : ” Non, pas avant que je te fasse parvenir à destination”.
Un jour, une personne interrogea Salman : ” Pourquoi répugnes-tu autant au pouvoir ? Il répondit :” Parce qu’il est agréable à vivre et amer à quitter. “
Une autre fois, un de ses proches lui rendit visite et le trouva entrain de pétrir de la farine. Il lui dit : ” Mais où est l’employé de maison ?”
Il répondit : ” Nous l’avons envoyé faire une course. Nous ne voulions pas le surmener en lui donnant deux tâches à la fois.”

La mort de Salman le perse

Le matin du jour de sa mort, alors qu’il était souffrant, il appela son épouse et lui dit : “Ramène-moi ce que je t’avais confié et demandé de cacher.”
Elle ramena aussitôt le dépôt, il s’agissait d’un petit musc qu’il s’était approprié lors de la libération de la ville de Jalwala. Il l’avait soigneusement gardé pour s’en servir le jour de sa mort.
Il demanda ensuite qu’on lui apporte de l’eau dans un vase. Il mélangea le musc à l’eau puis dit à son épouse :
“Asperge de cette eau mes alentours car j’ai actuellement la visite de certaines créatures de Dieu qui ne consomment pas de nourriture et qui apprécient le parfum.”
Une fois que les lieux furent aspergés, Salman lui dit: ” Maintenant, descends et ferme la porte derrière toi.”
Son épouse s’exécuta puis au bout d’un moment, elle remonta voir son mari. Elle le trouva mort.